Une histoire de confiance

Avec le temps, je constate que trop pratiquer la relecture peut avoir un revers. Bon déjà ça laisse quand même passer des fautes, hélas, mais surtout, cela bride dans une certaine mesure le côté naturel du texte rédigé. Quand je rédige, généralement je lâche les chevaux au premiers jet. Je balance la sauce quoi, je tape tout ce qui me passe par la tête et dans le meilleur des cas, c’est déjà assez construit. Souvent ensuite, je relis le tout, histoire de corriger des fautes de frappe, des fautes d’étourderies et des fautes tout court, parce que les fautes et surtout quand il y en a trop, c’est moche et ça pique les yeux. Et enfin, avant toute publication, je relis encore et là je retouche le fond, les phrases, la ponctuation. Toujours dans l’idée de faire au mieux. Sauf qu’à trop vouloir faire au mieux, la correction finit parfois par altérer le ton, l’enthousiasme éventuel qui va avec. Parfois même, ça censure.

Quoi ? De l’auto-censure ?

Oui et non. Reformuler une phrase, cela ne censure pas, ça rend juste la phrase plus compréhensible et plus digeste. Changer les mots ça en revanche, c’est tout de suite beaucoup plus délicat. Je ne parle pas là des modifications qui consistent à enrichir un billet et éviter les répétitions de mots; vous savez, pour éviter les fameuses redondances avec lesquelles les profs de français nous saoulaient au collège. Non je parle des modifications de mots qui visent à rendre le texte + soft et + sobre. Pourquoi de telles-modifs me direz vous ? Parce qu’en voulant faire au mieux, on rend le texte beaucoup + consensuel. On préfère passer par du boulot + lisse, plus passe-partout. Au risque justement de faire perdre au texte, sa personnalité, et avec, la patte de l’auteur.

Avoir confiance en soi et ne pas avoir peur

Un bon texte, même s’il est écrit sur un ton particulier voir décalé, s’il est bon, alors ça passera. Il est courant de dire qu’on se corrige pour plaire au maximum au lecteur. M’est aussi avis que parfois c’est une question de confiance en soi.

Comment ça de la confiance en soi ? Bloguer, c’est écrire oui, et c’est aussi s’exposer. S’exposer à la critique, via les commentaires ou autres formulaires de contact. S’exposer, quand bien même c’est en restant derrière un écran, cela peut demeurer compliqué pour certain(e)s. On ose pas toujours écrire les choses exactement comme on les pense (parfois tant mieux hein). On ose pas lâcher les chevaux ou envoyer la sauce. En bref, même dans le Blogging parfois, on y va pas à fond. Parce qu’on a peur du retour, des réactions potentielles qui en découleront. Peur de l’avis d’unetelle ou d’untel, peur que soient reprochées des prises de libertés avec notre bon vieux français ou que parfois, quelques jurons un soupçon vulgaires se soient glissé entre les mots. En gros, certaines corrections naissent de l’appréhension qu’on a de comment le texte sera reçu et aussi d’un manque de confiance en soi, en sa capacité à publier du très bon contenu.

Ce manque de confiance en soi et ces appréhensions ont hélas un revers. Si on se faisait un peu plus confiance, si on osait un peu plus, peut être alors qu’on serait surpris. Surpris de voir combien un lectorat est majoritairement bienveillant, surpris de voir combien un texte un peu moins consensuel peut avoir de l’écho, parce qu’il aura conservé de son naturel, parce que grâce à quelques corrections drastiques en moins, il aura permis au lecteur de ressentir la patte de l’auteur, le ton de ce dernier, la force du sujet abordé.

De l’humain derrière

Un texte académique avec un langage et une structure marketing qui va bien, si on en veut, on se rend sur un blog professionnel ou sur un blog d’entreprise. Là, de l’académique, du consensuel, du tout beau tout bien tout lisse qui sent la voiture neuve, on en aura. En revanche quand tu vas sur ce genre de blog, tu le sens l’humain qui est derrière toi ? Bon oui il y a des très bons blogs d’entreprise et blogs pros qui font sentir qu’il y a de l’humain derrière, en plus du discours commercial obligatoire attendu sans quoi le blog il sert à rien. Parce que derrière une agence de comm’ aura bien bossé ou juste que le celui qui aura pondu le blog pro, il aura compris que mettre un peu de sel dans de l’académique, ça marche.
Mais globalement, quand tu veux bouquiner du bon texte dont tu sens la patte de l’auteur derrière, quand tu veux lire un bon article parce que tu sais que t’y trouveras une bonne dose d’humour et d’impertinence, c’est pas là bas que tu vas. Non, tu te rends sur les blogs sur lesquels tu sais que les auteurs lâchent les chevaux. Tu vas sur les blogs sur lesquels tu sens qu’il y a de la personnalité derrière, de la confiance aussi, et ce genre de choses quand on lit un blog au bout de quelques temps, ça se sent.

blogging

Dans le Blogging, et ce sans forcément en faire une marque de fabrique, il faut savoir être décalé, il faut savoir aller plus loin, se lancer entièrement sans faire passer un texte par des tonnes de moulinettes de corrections. Si un vocabulaire plus trash doit parfois être utilisé pour faire passer un message, il faut y aller. S’il faut appuyer sur certains mots parce que cela rendra le texte + fort, il ne faut pas hésiter. Le but n’est pas d’entrer dans de la provoque pure et dure à chaque article, ni de faire du buzz ou encore de choquer. Le but est juste de savoir laisser les mots sortir sans les corriger ensuite, de laisser un ton s’installer si ce ton se pointe quand on rédige.

Il faut se faire confiance et faire confiance aux lecteurs. Dans ce petit coin du web, ce sont les textes et articles sur lesquels il y avaient le plus de doutes et que j’ai le moins corrigé qui ont été les plus lus et commentés. On apprend en bloguant et j’apprends à moins me censurer car ces corrections parfois n’en sont pas, elles sont justes des filtres inutiles, qui ne protège de toute façon pas de la critique, et qui empêche dans le pire des cas, le lectorat d’accrocher autant qu’il le pourrait.

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Griselidis
Griselidis

Heureuse maman d'un petit garçon né en 2018, je tiens aujourd'hui quatre blogs. Après 17 années passées dans une grande entreprise de téléphonie, je travaille désormais en tant que webmaster freelance à mon compte depuis 2015.

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3 commentaires

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  1. On est dimanche, il est 18h30 (bordel, déjà ?), j’ai rien fait (lalalilalou) et je dois mon plus gros fou rire de la journée à ton titre. Parce que dans mon cerveau de bulot, y’a un truc qui a résonné tout de suite : « Darty, le contrat de confiance ». C’était un moment super chouette, même si pas forcément voulu. Voilà voilà.